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Le travail de numérisation de la Bibliothèque Ambrosienne.

La Bibliothèque ambrosienne de Milan est connue mondialement, sa réputation n’est plus à refaire. Elle fut fondée en 1609 par Federico Borromeo, cardinal de Milan, qui souhaitait un nouveau lieu de haute culture, artistique, scientifique et littéraire, dans une période fortement influencée par l’humanisme. Elle fut construite par les architectes Lelio Buzzi et Francesco Maria Richini. Au cours du temps se sont ajoutées une académie, une pinacothèque et une médiathèque. Sa particularité était surtout d’être publique. Son nom est tiré d’Ambroise, évêque inspirant le culte ambrosien, particulier à Milan, et patron de la ville.

La Bibliothèque recueille des textes exceptionnels dans de nombreuses langues : latine, grecque, orientales… Nous nous intéresserons en particulier à la Médiathèque puisque celle-ci détient le Codex Atlanticus, comme nous l’avons déjà vu dans notre article sur le documentaire « Dans la tête d’un génie ». Il s’agit de la collection la plus ample et stupéfiante d’écrits et de dessins de Léonard de Vinci. Ce « code » relate plus de quarante ans de la vie intellectuelle de Léonard, puisqu’il a été écrit entre 1478 et 1519. On trouve tout autant de notes et croquis sur l’astronomie, la mécanique, les mathématiques, la botanique, la géographie, l’anatomie ou encore la physique. On y trouve également des projets urbanistiques pour la ville de Milan, un plan d’immeuble à Florence ou encore des croquis d’automates.

Ce codex n’est en revanche pas accessible au public, de par son statut de trésor culturel. Il se trouve d’ailleurs dans la Salle du Trésor de la Bibliothèque Ambrosienne. Cependant, la Médiathèque travaille actuellement sur le projet de classer toutes les feuilles en douze volumes afin de pouvoir l’exposer au public. Le codex serait consultable de manière séquentielle et indexé de manière à pouvoir faire des recherches par mots, titres, numérotation de page ou texte libre. Ce qui nous intéresse particulièrement ici, c’est que le site de la Bibliothèque, une section est spécialisée sur ce codex. La Médiathèque a commencé un travail de numérisation de ces feuilles de codex, de manière à permettre une consultation numérique en ligne. La partie sur Léonard touche également une section de publications autour du codex mais nous n’y attarderons pas dans cet article.

Ce travail n’est pas terminé mais comporte déjà 440 feuilles sur 1119 au total. Cependant, cela reste pour l’instant un aperçu suffisant sur une récolte extrêmement importante de la culture scientifique et technique du monde occidental du XVe siècle.

Au niveau du site en soit, il n’est pas négligeable de remarquer son manque de fonctionnalité. De plus, il est en italien, ce qui est acceptable dans la mesure où il s’agit d’une bibliothèque milanaise, mais il ne propose aucune autre langue. Bien que la langue anglaise soit indiquée, cette fonctionnalité ne semble pas marcher puisqu’aucun changement ne s’opère.

Reliure du Codex Atlanticus de De Vinci, 1478-1519 © Bibliothèque Ambrosienne, Milan.
Reliure  du Codex Atlanticus de De Vinci, 1478-1519 © Bibliothèque Ambrosienne, Milan.

Pour accéder à notre section sur le Codex Atlanticus, ce n’est pas forcément instinctif, cela demande une certaine recherche. Sur la page d’accueil, cette dernière accumule un grand nombre de textes et liens hypertextes dans la même police, la même couleur et surtout une taille plutôt réduite. Peu de d’éléments se distinguent des autres pour comprendre les différentes catégories du site. La section sur Léonard (« Leonardo ») est trouvable sur le menu le long de la bannière, dans une liste de liens non alignés. Nous arrivons ensuite sur la page du Codex, plus claire, plus simple mais qui manque encore peut-être une fois de titres démarqués. Ensuite, il suffit de cliquer sur le lien hypertexte «Per visualizzare il Codice Atlantico » pour accéder aux numérisations. Le lien est ici visible car mis en couleur et ponctué de symboles de lecture, bien que ces derniers ne soient pas très modernes non plus.

Nous retrouvons alors face à un choix de quatre liens, correspondant aux numérotations des feuilles du codex. Nous pouvons remarquer que cela va jusqu’à 1117. En effet, bien que seulement 440 feuilles soit numérisées et répertoriées ici, il ne s’agit pas d’une numérisation par ordre. Ainsi, on trouvera facilement des pages manquantes si on cherche à visualiser le codex dans l’ordre.

Si on se rend sur l’une des quatre pages proposées, on se retrouve de suite sur une feuille de codex. On a alors le numéro de la page, l’indication s’il s’agit du recto ou du verso, une miniature de la feuille (où on nous propose un zoom qui ne fonctionne pas, ce qui est très dommage), le titre, les dimensions et la description de son contenu. Pour aller à la feuille suivante, il faut soit choisir un nombre en dessous (qui ne correspond pas au numéro de la feuille) ou cliquer sur la flèche suivante. Il y a donc deux choses gênantes alors. Tout d’abord, ce numéro de page qui ne correspond à la numérotation des feuilles, empêchant une navigation facile. De plus, pour compenser cela, il n’y a pas de recherches possibles, par mot, titre ou autre.

Pour conclure, nous avons donc une source incontournable lorsque l’on s’intéresse aux travaux et inventions de Léonard de Vinci, le Codex Atlanticus restant une source inévitable pour accéder à la représentation directe du génie Cependant, le site reste un peu décevant pour une telle institution. En effet, le site manque de modernité et surtout de pratique, notamment dans la navigation. On ne peut circuler aisément dans les feuilles du codex et on regrette que ces miniatures ne s’agrandissent pas. Cependant, il faut espérer qu’une fois le travail de numérisation terminé, ces problèmes seront réglés.

Dans la tête d’un génie (Documentaire)

Tiré de la chaine ARTE, diffusé le 7 mars 2013.

Pendant 1h28, ce documentaire nous montre une supposée façon de penser de Léonard de Vinci, à travers interventions de grands historiens de l’art mais surtout à partir du Codex Atlanticus et de ses dessins, gardé à la Bibliothèque ambrosienne de Milan. Un comédien se prend pour le génie pour essayer de retranscrire et exprimer les pensées de ce dernier.

Le documentaire s’intéresse dans une première partie au rapport qu’a De Vinci avec la nature, notamment ses études et observations qu’il va utiliser pour perfectionner sa peinture, comme le sfumato, avec les jeux de couleurs sur les montagnes grâce aux rayons du soleil, mais aussi le mouvement de l’eau qu’il allie à celui des cheveux. Cependant, outre la peinture, il s’y intéresse également scientifiquement, dans le domaine de la biologie et de géologie, étudiant les origines de la nature par exemple.

On y apprend également qu’il n’avait pas reçu une éducation humaniste et qu’il ne souhaitait pas partager ses inventions avec le reste de la communauté scientifique ou artistique, pensant qu’un jour, elles feraient sa fortune et sa gloire. La deuxième partie traite d’ailleurs de ses machines, la partie nous intéressant donc le plus. Est mentionnée notamment l’inspiration des machines de Brunesllechi pour les premiers travaux de Léonard en architecture et son avancée remarquable pour l’époque, puisqu’il faudra attendre deux siècles à la révolution industrielles pour que les idées de De Vinci soient exploitées : chariot autopropulsé (première automobile), métier à tisser automatique, navette volante, brevetés par John Kay au XVIIIe entre autres. Dans ses dessins, il y présente les machines démembrées et en vue en perspective, en transparence, en coupe pour comprendre son montage.

Une troisième partie est réservée pour sa fascination pour l’air, le ciel et le vol, mêlant nature et ingénierie.
La cinquième partie nous intéresse de nouveau lorsqu’il quitte Florence pour Milan et se penche sur l’invention d’armes, et envoie une lettre au duc de Milan pour intégrer sa cour et vendre ses qualités de génie militaire. Cela concernerait des centaines de dessins dans son codex.
Après une partie sur la sculpture équestre pour Sforza, le documentaire se termine sur Léonard et les proportions et le lien très fort qu’il fait entre mathématiques, biologie et anatomie, et ses nombreuses études de dissection.

Nous avons donc affaire à un documentaire très riche, étudiant tous les aspects du génie du personnage. Bien que tous les sujets ne touchent pas ce que nous recherchons dans notre étude, il est important de voir que chez cet homme, toutes ses recherches et ses travaux y auront un rapport de près ou de loin.